Samson Bettina

Curriculum Vitae / Informations

Mes installations articulent leurs composants hétérogènes en une mise en scène quasi-cinématographique conçue pour exister in situ.
Je creuse un site, en prélève et ramène un ou plusieurs éléments de l’histoire culturelle et technique (souvent lié à l’histoire de la modernité), l’associe à des éléments extraits d’autres contextes, actuels et éloignés, puis recondense les anachronismes, opère des raccourcis, des accélérations temporelles.
Ce qui m’importe, c’est la conséquence de ce processus, ses effets, et non sa lisibilité (ici trop soumise à l’entropie). C’est là que se produit la possibilité d’un récit, encore en suspens, à vrai dire suspendu à l’expérience du spectateur. Ce qui m’intéresse, c’est comment l’objet vient s’écraser dans le présent, au point qu’il semble parfois venir du futur.
Environnements et installations, matérielles et/ou spectaculaires, superposent représentation et perception de sorte que s’opère souvent une réversibilité ou une substitution de l’une par l’autre. Ils deviennent des moyens paradoxaux d’une exploration : celle de la fiction comme apparition fantomatique, faite de trous et de déplacements spatio-temporels, de directs et du flashbacks.
Je place le spectateur dans une position d’explorateur-acteur de ses récits et hallucinations, ceux-ci prenant leur source dans l’imaginaire véhiculé par la vision et les genres cinématographiques.
Indices formels, matériaux et surfaces des sculptures, utilisation de la lumière, détails qui s’hypertrophient, ruptures d’échelle, cadrage et angle de «prise de vue» virtuels incluant les positions du spectateur, jouent à recharger le lieu d’exposition de l’hypothèse d’un récit, fondamentalement lacunaire. Des fictions de désordre s’introduisent ainsi à l’intérieur des systèmes organisés pour en réveiller l’activité volcanique.
Théâtralisant le réel – l’espace lui-même et son contexte – , ces fictions se nourrissent de l’inconscient collectif porté par les utopies dites négatives (lieux de piraterie, paradis fiscaux, îlots libertaires, organisations clandestines), ainsi que par l’architecture, par les avant-gardes modernistes et par le cinéma – film noir, d’espionnage, road-movie, science-fiction.
Ce faisant, elles invoquent, de loin en loin et presque incidemment, une sorte d’archéologie des mythes et antagonismes (récurrence de l’imaginaire de la guerre froide) dans la construction du XXème siècle.

B. Samson

Expositions / Evènements