Lizène Jacques

Curriculum Vitae / Informations

« Le ratage, le fiasco demeurent des positions idéales, des absolus au même titre que la réussite. Jacques Lizène, lui, choisit l’entre-deux, le moyen. Se présentant comme « Petit maître liégeois de la seconde moitié du XXe siècle », artiste de la médiocrité, de la sans-importance, et prenant position dès 1966 pour « l’art sans talent », il s’impose une ambition qui fait de lui le dernier rejeton d’une généalogie ubuesque qui compta parmi ses ancêtres quelques excentriques anglais, une poignée d’artistes incohérents dont Raoul Colonna de Césari ou Fabre des Essarts ainsi que les représentants (pré-dadaïstes) de l’art Zwanze bruxellois. Jacques Lizène bricole des riens, trafique du presque et, campé sur cet équateur du médiocre, passe sa vie à rire très fort.
(…) Ainsi Jacques Lizène s’applique-t-il à ne pas dépasser les limites, il les parasite. Son ?uvre se caractérise par une violence endogène, une pratique autonome jusqu’à l’autarcie qui l’amène en 1977 à devenir « son propre tube de couleur » et à peindre avec sa matière fécale. On saisit là combien cette fréquentation de la médiocrité, poursuivie depuis presque trente ans, s’apparente peu à un dandysme. « Je crois, affirmait l’artiste, que cette idée de médiocrité est d’une immense générosité, cela permet à tout d’exister. »

Extrait du texte de Jean-Yves Jouannais, « Jacques Lizène, les fastes de l’insuccès », in Documents n°3, juin 1993, pp.15-20.

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