Körner Union

Curriculum Vitae / Informations

Ils sont trois. Tous ces films qu’ils ont vu (car ils en ont vu un bon troupeau, c’est plus que probable), ils ont dû les visionner un peu n’importe comment ; à l’envers, sans le son ou au ralenti. Parfois, ils n’ont suivi que la bande-annonce ou ils ont sauté les scènes d’amour, de mort, les explications (où l’on apprend le nom du coupable et ses motivations). Ils n’ont gardé que les séquences où de la musique un peu forte annonce une catastrophe de peur ou l’irruption du Mal ou une chute. Ils ont su discerner des transitions. Dans le cheptel, ils ont retenu, number one, le film d’angoisse.
Attention. Le film d’angoisse est plus subtil que le film de peur (l’angoisse précède la peur, elle est une espèce de peur de la peur, son apéritif). Gardons-nous de confondre.
Ils ont aussi et surtout regardé dans les films. Pour l’étourdissement sémiologique, peut-être, ou parce qu’il y avait de la lumière qui filtrait. Ils ne sont pas entrés par effraction, mais tout simplement parce que quelqu’un avait encore une fois oublié de fermer la fenêtre en sortant (sans doute Thomas Vinterberg (Festen), Peter Jackson ou Myrick & Sánchez (The Blair Witch Project)). Ils n’ont rien piqué. Ils ont seulement regardé comment c’était meublé, décoré, combiné ; ils ont constaté à quel point le cinéma c’était devenu ça, principalement : une combine d’effets modulaires.
C’est en manipulant ces effets comme des bibelots et en ne les remettant pas tout à fait à leur place, qu’ils ont sans doute senti tout ce qu’aujourd’hui on pouvait encore tirer de neuf du cinéma ; des aveux ou quelques gémissements, de la stupéfaction ; un peu de lucidité, bref.

Körner Union (Sami Benhadj, Tarik Hayward et Guy Meldem) sont étudiants du département de communication de l’école cantonale d’art de Lausanne (écal).