Paris, Paris ! On t’embrasse

Ici à Doc ! La Station, artist-run space est invitée pour une exposition des “Stationnautes”, personnages azuréens reclus dans les anciens abattoirs de la ville de Nice. Espace de production et de diffusion d’artistes contemporain·e·s, La Station se déplace à Paris sur l’invitation de Raphaël Emine qui mène, entre autres des réflexions sur la biologie et le vivant, portées par des développements oniriques et fantastiques. Cette sollicitation n’est pas un hasard, notamment par l’intérêt que tout à chacun porte à son territoire d’ancrage ou de vie, Nice, aussi sublime et absurde soit-elle. Non sans déployer la dimension artistique du paysage idyllique, conditionné par les politiques en place, la réflexion environnementale, qui se déploie, questionne alors les limites de notre fin tragi-comique où notre empreinte carbone finira par nous enterrer.

La Station s’inscrit bien dans un territoire rempli de doute et d’interrogation pour la postérité. Ainsi, les enjeux d’un déplacement de la Côte d’Azur à la Capitale prennent le chemin d’une proposition artistique dont on ne connaît pas la fin. Si les artistes empruntent une réflexion écologique, elle donne le tempo d’un environnement post-apocalyptique où il ne resterait que le son machiavélique d’une cymbalisation des cigales transfigurées par des anti-vols. Si tables, machines et objets hybrides se déploient seuls dans les 160m2 de l’espace, c’est qu’ils ont simplement réussis à court-circuiter le système en place, l’humain n’est plus en haut de la chaine, il s’est “anthropo-scénisé” et est devenu cet os de poulet enterré que d’autres retrouveront lors de la prochaine ère. Après le capitalisme, place à l’esthétique du Chaos, organisé peut-être par les Lombriciens, espèce ingénieure dans la chaine trophique encore bien trop oubliée.

Paris, Paris on t’embrasse, récrée un espace à la propagation chaotique déterminée*, mais où chaque pièce conserve néanmoins sa propre respiration.

*La théorie du chaos s’attache principalement à la description de ces systèmes à petits nombres de degré de liberté, souvent très simple à définir, mais dont la dynamique nous apparaît comme très désordonnée.