La Station - Nice - France
Du 06-02-2016 au 02-04-2016
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Informations sur le vernissage : le vendredi 5 février à partir de 18:00
FLUX TENDU
Un projet de Delphine Reist et Laurent Faulon pour la Station, Nice, 2016.
C’est en remarquant le réseau de rails ornant les plafonds de La Station que Laurent Faulon et Delphine Reist ont pensé l’exposition Flux tendu. De manière à pouvoir accueillir cet espace d’art contemporain, les anciens abattoirs de Nice ont été en partie rénovés et cloisonnés : 1000 mètres carrés ont ainsi été compartimentés, les chambres froides sont devenues des ateliers ; les rails servant autrefois à déplacer des carcasses de viande ont perdu leur valeur d’usage. Leur présence crée de ce fait des aberrations visuelles qui les soulignent d’autant plus qu’ils ne peuvent être à présent appréciés qu’en tant que vestiges d’un temps passé.
C’est cette particularité architecturale qui donne le fil conducteur de l’exposition Flux tendu. Celle-ci rassemble un ensemble d’œuvres, en partie créées pour l’occasion, qui sont suspendues par des chaînes métalliques fixées à des crochets mobiles pouvant coulisser sur les rails. Les œuvres sont placées dans les espaces non pas en fonction des cloisons qui les délimitent, mais selon la logique de circulation qui prévalait avant la rénovation.
Cette exposition rentrant « au chausse-pied » dans un espace lui semblant de prime abord peu adapté pointe le problème que chaque artiste tente de résoudre afin de faire rentrer son activité au sein des flux du milieu et du marché de l’art : des œuvres aux statuts variés (in situ, décontextualisées, produites en série, vestiges de commande publique, sculptures éphémères, …) témoignent des différents formats qui norment l’art aujourd’hui. Elles forment également une chaîne imaginaire de production / diffusion / consommation reliant les ateliers d’artistes au quai de chargement en passant par les espaces d’exposition.
Ces œuvres créent des parallèles entre les univers de l’industrie automobile, l’industrie agro-alimentaire de la viande et le marché de l’art, trois univers qui chacun à des degrés divers ont subi au cours de ces dernières années une forme de disqualification sociale. Flux tendu fait écho, de manière plus générale, aux flux qui régissent nos existences et notre planète. La capacité de mouvement est devenue une nécessité, une injonction ou une question de survie : travail flexible, délocalisations, migrations, speed trading n’en sont que quelques exemples. La majorité des richesses aujourd’hui générées est devenue immatérielle et circule instantanément de par le monde. De puissants algorithmes ont pris le contrôle de nos vies en les résumant à des ensembles de données « googlelisables ». Nos aspirations, connectées et géo-localisables, sont immédiatement converties en informations monnayables et doivent pouvoir s’assouvir en un clic.
Flux tendu rend compte de cette réalité, des tensions qu’elle crée et du sentiment d’angoisse généralisée qui l’accompagne. Sur fond de désastre écologique annoncé et amorcé, l’exposition tente d’offrir aux visiteurs une expérience cathartique, un joyeux potlach artistique où des œuvres sont sacrifiées afin de désamorcer la violence collective de nos sociétés et les frustrations qui la génère. La gravité le dispute au grotesque, le dégoût à la gourmandise, le désespoir à l’éclat de rire.
Une exposition réalisée avec le soutien de PRO HELVETIA, fondation suisse pour la culture.