Roubaud Vivien

Curriculum Vitae / Informations

Vivien Roubaud se définit lui-même comme un « bricoleur généraliste » : il sélectionne et prélève des produits mis au rebut, puis les répare, les combine, les hybride, de manière à obtenir des machines « a-productives », mais qui pourtant s’animent encore grâce aux protocoles techniques qui ont permis leur création. La dysfonction est ici force créative, les technologies sont déconstruites pour devenir techné, média : des pièces issues de frigidaires et de climatiseurs produisent une sculpture de glace ; une imprimante démembrée trace sur le sol, déconstruit la mise en page, change ses référentiels ; un fil électrique fou, dansant dans l’espace, anime un tas de néons d’enseignes … Des œuvres frénétiques, qui trouvent leur « équilibre dans la catastrophe [1]».

[1] Elfi Turpin in Supplément Semaine Volume IV, septembre 2011, éditions Analogues.

Extrait du communiqué de l’exposition WATT, La Station, 2012

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«Il est injuste que les briquets puissent servir à décapsuler les bouteilles de bière alors que les décapsuleurs ne pourront jamais allumer de cigarettes»

(Le klub des loosers)

On pourrait qualifier Vivien Roubaud de généraliste en bricolage parallèle. Il observe, sonde, tergiverse, comprend les résidus de notre ère industrielle, et c’est exactement les manques ou les failles de ces fragments conquis qui mettent en éveil l’imaginaire fourmillant et désaxé de cet artiste du possible. L’inexactitude adéquate d’une équation à l’instar du probable. Le diagnostic s’apparente à une dégénérescence des chromosomes en vue de rencontres loufoques. Vivien sculpte et agence comme un funambule sur le fil de la technique, cette dernière bien émancipée de son caractère fonctionnel. Les composantes libres se retrouvent en proie à la contre-fonction, telles des gamètes en perdition venant se greffer au code génétique d’une proposition aussi décalée qu’insolente. Ses machines résonnent entre elles comme un mouvement perpétuel dont les inflexions ne font que justifier les fondements et l’équilibre tient d’une fragilité structurelle propice au détournement. Les sculptures révèlent autant d’humour que de cohérence au monde dans lequel elles s’animent. Vivien redonne vie aux objets délaissés du flux de nos sociétés de consommation. La poétique de sa pratique ne tient pas seulement aux extraordinaires couplages qu’il fabrique, mais à la puissance de la vie incarnée dans des objets en proie à leurs extinctions définitives. Il prive de leur superbe ces Phoenix, et tout boîtillants qu’ils soient, ils restent des êtres en mouvements, engagés dans la danse macabre de notre siècle. «Fait de transfert, l’art atteint sa vitesse maximale». L’œuvre, toujours en devenir, saisit une occurrence et s’établit dans le fait de n’être qu’une circonstance. Dans les entrelacs d’une époque tout à fait singulière dans sa façon saccadée d’être continue, Vivien Roubaud développe une forme novatrice et frénétique de monstration sans prescription.

Marielle Chabal

Expositions / Evènements