Charlotte Vitaioli

Curriculum Vitae / Informations

Diplômée en 2011 de l’École supérieure d’art de Quimper, Charlotte Vitaioli vit et enseigne le dessin à Rennes où elle est née en 1986. En 2017, elle est lauréate du Prix Zervos Bourgogne-Franche Comté et finaliste du Prix Audi Talent 2018. Cette année-là, elle bénéficie d’une bourse afin d’étudier les savoir-faire du tissage et de la teinture au Japon. En 2019, dans le cadre de la résidence Bundanon Trust en Australie, elle y poursuit une recherche sur le costume et le paysage dans la culture Aborigène, avant d’intégrer le dispositif Une saison un(e) artiste 2019 initié par les amis du Frac Bretagne, puis de participer à la 69e édition de Jeune Création. Elle est lauréate en 2019 de la résidence à La Station (Nice), sélectionnée pour le 65e Salon de Montrouge (reporté au Printemps 2021) et nominée pour les révélations Emerige 2020.

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S’il fallait proposer à Charlotte Vitaioli une marraine artistique, je lui choisirais volontiers Sophie Taeuber-Arp, bien que celle-ci fut plus adepte des expressions abstraites que sa filleule de circonstance qui explore le plus souvent, sans renier pour autant les compositions géométriques, une multiplicité de représentations inspirées de la réalité. Mais l’une et l’autre entrent en totale connivence lorsqu’elles s’accordent l’entière liberté de déplacer constamment leur pratique. Passant du dessin au feutre à l’objet, de l’installation au tissage, de la peinture à la broderie, du tapis au costume… elles transgressent la hiérarchie des catégories académiques, comme les techniques et les frontières entre les arts décoratifs, les arts appliqués et les beaux-arts. Cette attitude, qui accorde à l’artisanat une égale reconnaissance face aux arts dits majeurs, fait ressurgir une tendance ponctuellement repérable dans histoire de l’art, notamment au cours du XIXème siècle ainsi qu’en France, juste après la Seconde Guerre mondiale. En réaction à l’industrialisation et au développement des fabrications mécaniques, lors de la création  vers 1860 du mouvement Arts & Crafts en Angleterre, William Morris et John Ruskin promurent le renouveau des pratiques artisanales traditionnelles, tels l’ébénisterie, le vitrail, la tapisserie ou la céramique, afin de replacer leurs potentiels créatifs dans le cercle des beaux-arts. (..)

(..) Alors revenons à La Dame de Shalott, la peinture de John-William Waterhouse inspirée d’une légende arthurienne décrite dans un poème d’Alfred Tennyson. Une jeune fille, suite au sort qu’une fée lui a jeté, est condamnée à vivre enfermée dans une tour d’où elle ne peut regarder la réalité, sous peine de malédiction, qu’à travers les reflets d’un miroir. Des scènes de la vie extérieure qu’elle peut observer, elle en extrait les motifs d’une tapisserie qui s’allonge quotidiennement. Un jour elle aperçoit dans la glace le beau chevalier Lancelot dont elle est amoureuse et se précipite à sa fenêtre pour le voir. Le miroir se brise instantanément et sa tapisserie se dénoue. Son sort est désormais scellé, elle est poussée dans une barque qui la fera dériver jusqu’à la mort. Alors quel est donc ce sort qu’a subit Charlotte Vitaioli pour préférer le miroitement des images au monde de la réalité ? Pourra-t-elle rester entourée des toiles peintes de son installation Saudade (2018), sans vouloir sortir du décor par une porte dérobée comme le héros du film de Peter Weir, Truman Show ?  

Jacques PY, 27 avril 2018

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