A l’instar de la vanité, le Memento mori était un genre pictural ancien qui avait pour but de faire méditer sur l’importance de la vie face à la futilité des plaisirs matériels. Réelle ou symbolique, violente ou poétique, la destruction et l’iconoclastie présentes dans nombre de mes récentes créations me semblent être un moyen de rappeler cet adage.
Mon travail cultive de manière quasi systématique l’esthétique du débris, de la ruine ou du chantier. Parfois en photo ou en vidéo, mais surtout en installation et en sculpture, mes réalisations sont autant des expériences physiques ou sensibles que des réflexions sur les notions de vanité et de consommation ainsi que de ruine et de vandalisme.
Le corps – que ce soit le mien ou celui du visiteur – est fréquemment impliqué, mis en péril, contraint, ou simplement déplacé. Je suis intéressé par cette relation directe que certaines pièces instaurent avec le spectateur, par la façon dont elles modifient le comportement physique, conditionnent le regard, ou troublent son appréhension de l’espace.
Je suis autant intéressé par le résultat plastique et définitif d’une pièce que par son processus de création. Les étapes de fabrication de mes sculptures sont régulièrement visibles dans la pièce, et en sont, du même coup, le fondement même. Elles contiennent leurs propres temporalitées et, parfois, leurs propres conditions de désactivation, à l’image de Fontaine. J’attache beaucoup d’importance à l’efficacité, autant visuelle que conceptuelle, et à l’autonomie de chacune de mes créations.