Bérard Simon

Curriculum Vitae / Informations

Né en 1993

Diplômé de l’École Nationale Supérieure d’Art de Nice (Villa Arson) en 2017

http://simonberard.garden

https://villa-arson.xyz/diplomes2017/simonberard-garden/

[…] On pressent bien que l’exercice magrittien, tant intellectuel que plastique, intéresse directement le travail de Simon où l’usage pictural du verbe participe d’une intrication plus globale touchant simultanément aux statuts des peintures, des objets, des images et des mots. Il procède avec ces derniers par coupes, analogies, raccourcis, glissements, permutations ou hybridations, que ces opérations émergent effectivement par la graphie et dans les titres, ou qu’elles demeurent au stade du mobile mental. C’est ainsi le cas de la formule caille + pipe = paille, qui a néanmoins conduit à intégrer concrètement l’instrument cylindrique au titre confondu d’outil, de motif et de matériau. Sa démarche ressemble à une manière d’instaurer du désordre dans le régime linguistique de la communication, une sorte d’entropie qui se traduirait non par une perte mais par un déploiement des possibilités sémantiques et syntaxique. C’est peu ou prou ce que nous propose la poésie, ainsi que le suggère l’autrice Cole Swensen :

L’entropie m’intéresse […] surtout dans la façon dont le concept peut être utilisé pour comprendre comment la poésie fonctionne dans des sociétés humaines pour élargir constamment le champ du langage et le potentiel de signification. Écrire de la poésie, c’est introduire intentionnellement du bruit au sein de la communication et perturber à dessein son fonctionnement lisse.

Les mots ont sans doute cette autre vertu pour Simon qu’ils proviennent en principe, avant même d’être écrits, de l’orifice qui les prononce. On sent là s’amorcer une relation féconde et non résolue entre leur usage et sa manière de peindre, qui rejoue autrement le recours à certains instruments dont on déjà a insinué la diversité des rôles (pailles, gobelets, miroirs de bouche, pipes, languettes, etc.). Cet attirail nous ramène précisément à l’endroit de la cavité buccale, que l’artiste manie – pour ainsi dire – en lieu et place d’un organe situé à l’extrémité de l’avant-bras, plus couramment utilisé dans la pratique de la peinture. Les mets qu’il confectionne sont d’ailleurs utilisés dans le sens exactement inverse de ce que la fonction physiologique principale d’une bouche permet de faire (manger). S’il absorbe bien ses mixtures généralement peu appétissantes (certaines sont indistinctement composées de chou, d’œufs – coquille incluse – et de chewing-gum), qu’il les mastique ou s’en gargarise en effet pour les mélanger, elles sont ensuite expulsées en magmas informes et pas plus ragoûtants en définitive. On notera quand même la détermination de l’artiste dans son exploration des procédures spécifiquement orales permettant l’application initiale de l’émulsion (par crachis, pulvérisation, égouttement) et son traitement ultérieur pour lequel, ça n’est pas une surprise, le souffle et/ou la langue sont mis à contribution. […]

extrait du texte d’Edouard Monnet, exposition Informités, Vidéochroniques, Marseille, 2020

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