BACK TO THE PEINTURE

La Station - Nice - France

Du 22-06-2017 au 30-09-2017

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Informations sur le vernissage : Jeudi 22 juin à 18h

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VERNISSAGE le jeudi 22 juin 2017 à 18:00

EXPOSITION OUVERTE DU JEUDI 22 JUIN À 11:00 AU SAMEDI 30 SEPTEMBRE À 19:00

La Station présente l’exposition Back to the peinture : réunissant les artistes Dominique Figarella, Yann Gerstberger, Tom Giampieri, Virginie Hervieu-Monnet, Adrien Vescovi et We Are The Painters, elle questionne l’influence de Supports/Surfaces sur les artistes contemporains français. Back to the peinture fait écho à The Surface of the East Coast / From Nice to New York [1] présentée dans l’espace d’exposition du 109, mettant en évidence les liens unissant les artistes de Supports/Surfaces et la jeune scène artistique new-yorkaise.

En 1969, lors d’une exposition au musée du Havre intitulée La peinture en question, Vincent Bioulès, Louis Cane, Marc Devade, Daniel Dezeuze, Noël Dolla, Jean-Pierre Pincemin, Patrick Saytour, André Valensi, Bernard Pagès et Claude Viallat déclarent : « L’objet de la peinture, c’est la peinture elle-même et les tableaux exposés ne se rapportent qu’à eux-mêmes. Ils ne font point appel à un «ailleurs» (la personnalité de l’artiste, sa biographie, l’histoire de l’art, par exemple). Ils n’offrent point d’échappatoire, car la surface, par les ruptures de formes et de couleurs qui y sont opérées, interdit les projections mentales ou les divagations oniriques du spectateur. La peinture est un fait en soi et c’est sur son terrain que l’on doit poser les problèmes. Il ne s’agit ni d’un retour aux sources, ni de la recherche d’une pureté originelle, mais de la simple mise à nu des éléments picturaux qui constituent le fait pictural. D’où la neutralité des œuvres présentées, leur absence de lyrisme et de profondeur expressive. »
Influencé par le mouvement BMPT, le groupe Supports/Surfaces adopte une posture critique vis-à-vis du tableau et fait de l’analyse de ses constituants essentiels – le support et la surface – les éléments mêmes de sa réflexion plastique. Officiellement fondé en 1970 à l’occasion d’une exposition emblématique à l’ARC (Musée d’Art Moderne de la ville de Paris) le groupe, traversé par des tensions politiques, se dissout en 1972. Supports/Surfaces n’aura donc officiellement connu que deux années d’existence ; mais les questionnements qu’il aura engendré se prolongent encore aujourd’hui. D’une part parce que la plupart de ces artistes sont toujours vivants et pratiquent toujours ; d’autre part parce qu’ils ont fortement influencé les générations suivantes de créateurs.

Les artistes de Back to the peinture font partie de ceux-là ; empruntant à leurs aînés certains concepts et processus, ils s’approprient les problématiques tabulaires et picturales pour les actualiser.

Dominique Figarella joue dans cette exposition le rôle de relais générationnel : les œuvres présentées, issues de la collection de Noël Dolla, ont été réalisées en 1994/1995 alors le premier était assistant du second. L’influence de Supports/Surfaces est bien sûr indéniable, mais Figarella s’en émancipe : ses œuvres proposent certes une analyse constitutive du tableau mais intègrent déjà une réflexion sur le processus et sur le regardeur, qui prendra par la suite une part plus prégnante dans son travail.
Les tapisseries de Yann Gerstberger, font également écho, de par leur matériau (des serpillières décousues puis réassemblées) aux œuvres de Noël Dolla. Néanmoins son esthétique s’en éloigne en s’appuyant sur une iconographie issue d’internet, qu’il nomme lui même « post-earthquake » ou « post-world », sorte d’apocalypse joyeuse. Ses oeuvres colorées sont empreintes de références multiples, inspirées notamment par les dernières séquences Gopro du bodyboarder André Botha à Skeleton Bay ainsi que de la sculpture assemblagiste black californienne des années 70.
Si les œuvres de Vescovi et Hervieu-Monnet rappellent certaines expériences de Supports/Surfaces (le travail à l’horizontal de Viallat pour le premier, les grilles de Dezeuze pour la seconde), elles nous renvoient également à l’Antiforme. Ces artistes exploitent la gravité pour donner forme à leurs œuvres et délèguent le geste à la matière : Vescovi libère la toile du châssis, qu’il laisse pendre nonchalamment ou transforme en hamac ; Hervieu-Monnet exploite la lourdeur de la laine dans des quadrillages colorés distendus.
Adrien Vescovi, Tom Giampieri et Yann Gerstberger utilisent des décoctions végétales et animales pour teindre leurs toiles, ramenant ainsi le fait pictural à son essence, la couleur. Si chez Vescovi ces teintes donnent des motifs abstraits et aléatoires, Tom Giampieri, en fabriquant ses propres outils de sérigraphie, pousse ses expériences de manière à faire parfois surgir des figures, tandis que Yann Gerstberger s’approprie les techniques du tissage pour composer des œuvres principalement figuratives. Ces savoir-faire ancestraux se trouvent ici détournés par ces artistes, qui recherchent la sérendipité plutôt qu’un résultat totalement maîtrisé.
We Are The Painters renversent quant à eux le tableau, voire l’institution l’accueillant : des chaises de gardien de musée retournées dévoilent en leur envers des portraits féminins et des paysages, leurs pieds ostensiblement dressés vers nous. L’objet usuel est ici détourné, posant la question du fait pictural en dehors du champ tabulaire. Mais le duo nous amène plus loin, dans une mythologie personnelle  composée de figures obsessionnelles qui forgent leur signature et dans laquelle le rôle de chacun est indéterminé.

De la « narration silencieuse » de Georges Bataille en passant par la « grille » de Rosalind Krauss jusqu’au « pré-pictural » de Deleuze, c’est également tout un champ critique que les œuvres de ces artistes nous laissent entrapercevoir. Ces références historiques se confrontent ici à des attitudes décomplexées : si chez eux la peinture est pensée par et pour ses fondamentaux (le « fait en soi »), ces artistes y ramènent la notion de jeu, recentrant leurs actes sur le plaisir de faire. Résolument transhistoriques, ces artistes s’éloignent de la radicalité nécessaire en son temps de Supports/Surfaces mais en perpétuent l’héritage. Leurs œuvres réinventent par de multiples biais la question picturale, dont la mort annoncée, encore et toujours, n’en finit décidément plus de se dédire.

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La Station remercie Noël Dolla pour son soutien.

[1] Cette exposition s’inscrit dans le cadre de « Nice 2017. École(S) de Nice ». Regroupant le MAMAC, la Galerie des Ponchettes, le Musée Masséna et le 109, cette manifestation culturelle retrace l’histoire de l’art local depuis la fin de la seconde guerre mondiale jusqu’à aujourd’hui, avec un intérêt particulier pour « L’Ecole de Nice » et Supports/Surfaces.